Tous amoureux, on vous dit. De l'image, de la musique, de la radieuse Macarena Garcia. De... tout. Blancanieves a ébloui les festivaliers des Arcs dimanche soir, captivés par cette transposition du mythe de Blanche-Neige dans le Séville des années 1920. L'héroïne est la fille d'un grand torero, paralysé après s'être fait piétiner par un taureau. Sa décadente belle-mère va faire de sa vie un enfer, jusqu'à ce que la belle suive une troupe de nains saltimbanques et devienne elle-même torera de génie. Muet, en noir et blanc, le film se regarde comme un somptueux livre d'images qui donne plus d'une fois la chair de poule.
Blancanieves a pourtant mis 7 ans à se concrétiser. "Ma méthode d'écriture est automatique comme celle des surréalistes, j'ai écrit peu à peu à partir d'images, dit Pablo Berger. J'ai regardé beaucoup de vieux classiques hollywoodiens et de films muets français, dont je suis fou." Pour garder ce côté à l'ancienne, il a tourné en Super 16, "pour avoir du grain", avec de petites caméras. La musique orchestrale a été composée après coup par Alfonso Villalonga. "Je voulais que la musique soit la voix des personnages, poursuit Berger, les musiciens disent en trois notes ce qui me prend un temps fou à montrer..."
Il est candidat aux oscars
Ce travail d'orfèvre a trouvé son public notamment grâce à la foi de son producteur français, Jérôme Vidal, découvreur de Javier Bardem. "Quand je parlais de ce film, s'amuse ce dernier, tout le monde me disait : attends, un film en noir et blanc, muet, avec des taureaux ? Tout le monde s'en fout ! Et quand The Artist est sorti, tout le monde m'a dit : mais quel opportuniste tu es !"
Ironie du sort, la BO de Blancanieves a été enregistrée en Belgique par le même orchestre que celui de The Artist. Et le film représentera l'Espagne à la prochaine cérémonie des oscars. Aucune impression de doublon en revanche : le muet a encore bien des choses à dire.