La séquence d'ouverture, des images de 1937, montre une sorte de parc des expositions dominé par des drapeaux nazis. Les Champs de Foire de Belgrade sont le camp de concentration le plus méconnu d'Europe, que La partition inachevée prend pour toile de fond. Mischa est un prof de musique à la retraite, à qui l'on remet un jour une vieille boîte en fer retrouvée dans les sinistres Champs. A l'intérieur, une lettre de ses parents, déportés, et une partition écrite par son père. Mischa découvre avec stupeur qu'il a été adopté, qu'il est juif... Et qu'il ne sait plus qui il est.
En hommage aux juifs et aux roms
Le film est basé sur une histoire vraie, celle de la famille de Filip David, le coscénariste. Goran Paskeljevic, le réalisateur, raconte qu'il a été tourné "dans la souffrance", financièrement et personnellement. Il réveille surtout un passé douloureux, vite enterré en Yougoslavie : "Les nazis ont commencé par déporter aux Champs de Foire 6 500 juifs en 4 mois. Puis c'était le tour des tziganes. Le camp a ensuite servi de lieu de transition pour tous les antifascistes de Yougoslavie. 20 000 personnes sont passées par ce camp, 10 000 y sont mortes, de faim, d'épuisement, de froid."
Après la guerre, une petite plaque a été posée, mais la période communiste a préféré glorifier les victoires en oubliant les victimes civiles. "Pourquoi ce lieu n'a pas encore été transformé en mémorial, regrette Goran Paskaljevic, je ne sais pas. J'espère que le film changera la donne". Le réalisateur rappelle à bon escient que la violence raciale continue aujourd'hui en Serbie, à travers les amis roms de Mischa. C'est pourquoi le thème principal de la partition retrouvée, que l'on entend tout au long du film, est un thème qui sonne aussi bien juif que tzigane.
Bientôt aux oscars ?
"Comme Mischa comprend son identité à travers cette partition, on a cherché un thème qui corresponde à la culture de ses parents, mais qui puisse être repris par des tziganes. Il a été composé par Vlatko Stefanofski, un guitariste macédonien, et j'en suis tombé amoureux." Malgré quelques scènes tire-larmes, dont une séquence finale vraiment mièvre, la partition inachevée est bien placée pour représenter la Serbie aux oscars sous le titre When day breaks.